L’Engagisme comme contexte

Après l’abolition de l’esclavage (20 décembre 1848), l’Engagisme (1848-1938) est mis en place pour remplacer la main d’oeuvre affranchie. Ce dispositif consiste à recruter pour des périodes de 5 ans des travailleurs étrangers à la colonie. L’Engagé est alors au service d’un Engagiste. Pour La Réunion, l’Inde sous colonisation anglaise, sera dans un premier temps un foyer important de recrutement. Très vite, se sont tous les pays baignés par l’océan Indien qui seront source de migration pour l’engagisme. Un élément important du cadre légal entourant cette migration est la liberté religieuse. L’Engagé a le droit de pratiquer sa religion d’origine.

Une migration libre

Au cours de cette période, des migrants arrivent également de façon libre. Originaires du Gujarat, de la Chine ou du Vietnam, ils constituent une population étrangère qui doit payer une taxe de séjour pour résider à La Réunion et exercer leurs activités professionnelles. Ils exercent le métier de commerçants. Pour beaucoup au départ colporteurs, ils se déplacent avec leurs marchandises et proposent des étals en bord de chemin avant de pouvoir s’installer dans les villes dans les zones de négoces et d’échanges de marchandises. Un autre membre de leur famille arrive alors du pays d’origine et devient « Commis », celui qui aide le boutiquier avant d’ouvrir lui-même son commerce.

De nouvelles routes de commerce

Ces marchands dessinent de nouvelles routes d’échanges en important des marchandises de l’Inde (tissus, épices…) ou de Chine (vaisselles, denrées alimentaires…). La migration du Gujarat a un impact sur la migration des Indiens. Par les routes maritimes, elles rapprochent l’Inde de La Réunion. Les migrants peuvent alors trouver des éléments de leurs cultures d’origines localement (tissus, éléments religieux, encens, épices etc..).

La boutik

Cette migration d’origine chinoise, vietnamienne, de l’Inde et du Gujarat s’est installée localement en occupant la case du petit commerce. Ils s’installent dans des « kartyés » (issus des zones d’habitat des plantations) ou dans des bourgs urbains ou ruraux. Ce commerce devient un espace social et économique, « la boutik » où le boutiquier adapte son modèle économique à celui du « kartyé » ou de la ville dans laquelle il est, participant ainsi à l’amélioration du quotidien d’une population encore ancrée dans l’activité agricole.

À Saint-Denis

Cette migration s’installe dans les zones de négoces dans le bas de la ville dans la seconde moitié du XIXème siècle où se trouve la ville-Barachois, espace portuaire où s’effectue l’import-export. A la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle avec le basculement de l’activité portuaire au Port, ces commerces se délocalisent le long du Grand Chemin (actuelle rue Maréchal Leclerc).